Huit personnes sur dix ont eu, ont, ou auront mal au dos dans leur vie. Fort heureusement, seulement 20 % environ d'entre eux seront véritablement en situation de handicap dans leur vie ordinaire et professionnelle en raison de ce mal de dos. Toutefois, la plupart des personnes qui ont eu mal au dos un jour se sont posées des questions sur l'origine de la douleur, les traitements, l'avenir fonctionnel et c'est à la plupart de ces questions que les auteurs tentent d'apporter ici une réponse. Il s'agit d'un effort didactique qui est d'autant plus méritoire que de nombreuses réponses souvent contradictoires sont régulièrement proposées par des intervenants divers et variés issus du monde médical, paramédical voire pseudo médical. La majorité des questions posées ici concerne ce qu'on appelle la lombalgie commune, c'est-à-dire une douleur qui n'est pas provoquée par une maladie viscérale, rhumatismale, infectieuse ou tumorale. Cette première étape de la classification des origines du mal de dos implique nécessairement de recourir à un avis médical. Concernant les diverses manifestations de la pathologie lombaire commune, les progrès récents de la connaissance ont notablement modifié les notions que l'on avait il y a quelques années sur la détérioration, en particulier du disque intervertébral et sur le rôle de l'activité physique. Il est probable qu'une grande partie de la physiopathologie de la détérioration discale et des hernies est d'ordre génétique et que les efforts et les traumatismes ne jouent qu'un rôle secondaire. Le rôle du repos dans le traitement est aujourd'hui marginalisé à une simple mesure de confort quand la douleur est trop importante pour bouger, par contre il est clairement démontré qu'il n'a pas d'effet propre thérapeutique. La chirurgie de la sciatique et de la lombalgie s'est enrichie de nombreuses techniques chirurgicales mais plus que jamais, l'indication opératoire doit être le fruit d'une longue réflexion à la lumière de la balance bénéfices/risques. L'imagerie est devenue très performante, elle montre maintenant de façon remarquable toutes les structures de la colonne vertébrale mais la prescription de tel ou tel examen doit toujours répondre clairement à ces 3 questions : - Je demande cet examen pour chercher quoi ? - Si je trouve ce que je cherche, est-ce que cela aura une implication décisive dans ma démarche thérapeutique ? - Si je ne le trouve pas, est-ce que cela changera cette démarche ? Le lecteur comprendra alors que ce n'est pas toujours en demandant un examen d'imagerie supplémentaire qu'on va résoudre son problème. Espérons que chacun des lombalgiques qui lit cet ouvrage, trouvera une réponse adaptée à sa question.
Professeur Michel REVEL, Service de rééducation et de réadaptationde l'appareil locomoteur et des pathologies du rachis, Groupe hospitalier Cochin, Paris