Uvéites en 100 questions

Les 100 questions

2. 3. Mieux comprende comment se manifeste les uvéites
    Comment évolue une uvéite ?

37. Peut-on soigner les complications ?

Dernière mise à jour : 14-01-2023

La vision trouble et les corps flottants dans le champ de vision

Si elle est due à une inflammation, soigner celle-ci peut améliorer la vision. Il faut parfois attendre plusieurs mois après la résolution de l’inflammation et l’arrêt des collyres anti-inflammatoires pour savoir comment sera la récupération visuelle finale. Parfois, les corps flottants persistent car ils ont été éliminés imparfaitement lors du traitement de l’uvéite.

Le traitement nécessite souvent un collyre mydriatique (qui dilate la pupille afin d’empêcher ou de faire lâcher les synéchies). A lui seul, ce collyre entraîne une dilatation de la pupille et une vision trouble en vision de près. Cet effet secondaire disparaît à l’arrêt du traitement (parfois une semaine après avoir cessé l’instillation s’il s’agissait d’atropine).

La cataracte

Les patients ayant souffert d’uvéite sévère et/ou récidivante sont fréquemment atteints de cataracte, même si ce sont des enfants. La vision s’améliore après la chirurgie de la cataracte si l’uvéite n’a pas provoqué d’autres lésions oculaires. La chirurgie consiste à enlever le cristallin opaque. Elle doit être pratiquée sur un œil non ou peu inflammatoire pour une chance de succès optimale. La chirurgie est généralement plus longue que lors d’une chirurgie de la cataracte habituelle car certaines structures de l’œil peuvent être “collées” et anormales, ce qui entraîne une difficulté opératoire supplémentaire. Les implants multifocaux (qui permettent de voir de près et de loin sans lunettes) ne peuvent pas être utilisés dans les cataractes secondaires aux uvéites. La chirurgie a lieu sous anesthésie locale pour les adultes, et générale pour les enfants.

Le principal risque de cette chirurgie vient du fait qu’elle peut entraîner une nouvelle poussée d’uvéite dans l’œil opéré. C’est pour limiter le risque de voir apparaître une uvéite en post opératoire qu’il faut attendre au moins 3 mois après la fin de l’épisode inflammatoire pour intervenir chirurgicalement, et réaliser la chirurgie sous couvert d’un traitement anti-inflammatoire préventif.

L’augmentation du tonus oculaire (ou hypertonie)

Elle peut entraîner une réduction du champ visuel persistante par lésion du  nerf optique (ou glaucome), si elle n’est pas traitée à temps. Les collyres de corticoïdes prescrits pour le traitement de la crise d’uvéite en sont parfois la cause. Les corticoïdes injectés à l’intérieur de l’œil ou autour (en intravitréen, sous conjonctival ou en sous tenonien) peuvent aussi être responsables d’une hypertonie oculaire, beaucoup plus fréquemment que par voie orale. Dans ces cas, l’arrêt de ces corticoïdes et l’ajout de collyres et/ou comprimés “ hypotonisants ” permet souvent de rétablir un tonus normal de l’œil et protéger le nerf optique.

L’hypertonie peut être également secondaire à la crise d’uvéite. Dans ce cas, le traitement de l’uvéite, souvent par des corticoïdes, permettra de rétablir un tonus normal. En cas d’hypertonie liée à un « iris tomate » par une humeur aqueuse prisonnière derrière l’iris collé au cristallin (synéchies), le traitement est l’iridotomie, au mieux chirurgicale. Enfin, certaine uvéites chroniques s’accompagnent d’un glaucome secondaire aux dégâts causées par l’inflammation sur les structures permettant l’évacuation de l’humeur aqueuse.

En cas d’hypertonie incontrôlable, on a recours à la chirurgie filtrante (trabéculectomie), au traitement par laser ou à la mise en place d’une valve de dérivation de l’humeur aqueuse dans les cas réfractaires.

Les synéchies

Si l’iris est collé au cristallin, une hypertonie peut apparaître quand la pupille est petite. Dans ce cas, le traitement peut consister en une séance de laser en consultation ou en une opération chirurgicale conjointement aux collyres et comprimés “ hypotonisants ”.

L’accomodation peut également être réduite en raison de ces synéchies car les mouvements naturels de l’iris en vision de près, à la lumière forte, sont entravés.

L’œdème maculaire

Il peut être traité par des corticoïdes (comprimés, intraveineux, injections oculaires) ou des traitements immunosuppresseurs.

Néovascularisation

Parfois en raison de l’inflammation, des vaisseaux anormaux apparaissent au fond de l’œil, sur ou sous la rétine, souvent proches de la macula, entraînant alors une déformation de la vision similaire à celle observée dans la dégénérescence maculaire liée à l’âge ; les néovaisseaux peuvent se développer sur le nerf optique. Ils sont dangereux en raison de leur fragilité, de leur tendance à saigner en obscurcissant la vision et de leur localisation. Ils sont traités par du laser en consultation, parfois après des injections oculaires répétées d’anticorps luttant contre la fuite des néovaisseaux (anti-VEGF) jusqu’à leur cicatrisation.

Ces traitements seront associées au traitement de l’uvéite. Parfois une chirurgie intraoculaire est nécessaire pour retirer le sang (vitrectomie) et effectuer du laser.

Amblyopie

L’amblyopie correspond à une perte visuelle ou une faiblesse visuelle d’un œil par rapport à l’autre ; on parle « d’œil paresseux ». L’amblyopie est liée à une privation visuelle prolongée durant la période critique du développement de la vision corticale c’est-à-dire au niveau cérébral (5 premières années de la vie). Le déficit visuel par absence de stimulation du cerveau de la vision peut régresser avec un traitement adapté à la cause, ou au contraire, aller jusqu’à la cécité corticale uniou bilatérale.

Plus le diagnostic est précoce, plus les chances de récupération par un traitement adéquat sont élevées, idéalement avant l’âge de 6 ans.

L‘amblyopie peut être organique causée par une lésion oculaire. C’est le cas de la cataracte obturante, d’une kératopathie en bandelette dans l’uvéite de l’enfant ou d’une cicatrice maculaire de toxoplasmose. Le traitement de l’amblyopie organique dépend de la cause. Lorsqu’il s’agit d’une cataracte, c’est la chirurgie de la cataracte, encadrée par un traitement anti-inflammatoire (corticoïdes). Le traitement chirurgical est suivi du port de lunettes, surtout en vision de près et de la rééducation orthoptique pour stimuler l’œil paresseux.

L’amblyopie est dite fonctionnelle lorsqu’elle est en rapport avec un défaut optique (hypermétropie forte, astigmatisme) non corrigé. Son traitement passe par le port de lunettes avec correction totale et la rééducation orthoptique.

À retenir

Les complications des uvéites sont trop souvent fréquentes et parfois graves. Les traiter le plus précocement possible facilite la récupération de l’acuité visuelle. L’adaptation progressive des traitements, après en avoir vérifié l’efficacité avec l’ophtalmologue, est importante pour éviter les récidives d’uvéite, sources potentielles de complications.

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