Dernière mise à jour : 14-01-2023
Les autres immunomodulateurs utilisés dans les uvéites non-infectieuses de l’enfant et de l’adulte sont l’azathioprine, le mycophénolate mofetil (MMF), la ciclosporine A ou le tacrolimus et l’interféron- alpha (IFNα). Ils peuvent être choisis en alternative au méthotrexate lorsqu'il n'a pas été efficace, pas été toléré ou lorsqu'il est contre-indiqué. Ces immunosuppresseurs peuvent aussi être privilégiés en fonction de la cause de l'uvéite. Ainsi, l'azathioprine est souvent préféré dans la maladie de Behçet ou dans les uvéites associées à la sclérose en plaques. L'azathioprine est aussi l'un des seuls immunosuppresseurs conventionnels compatibles avec une grossesse. Le MMF, initialement utilisé en greffe d'organe, est souvent choisi en première intention dans les uvéites postérieures chez l'adulte. Enfin, dans les œdèmes maculaires chroniques ou la vascularite rétinienne de la maladie de Behçet, un traitement par IFNα peut être choisi. L’IFNα a montré son efficacité sur l’oedème maculaire uvéitique dans deux essais thérapeutiques, comparé aux corticoïdes et au méthotrexate.
Chacun de ces traitements a ses effets indésirables propres. L'azathioprine peut avoir une toxicité sur le foie (hépatite médicamenteuse) et sur les cellules du sang (anémie, diminution des globules blancs) mais aussi sur le pancréas. Le MMF a une toxicité sur les cellules du sang et peut se compliquer de diarrhée, d'insomnies ou de cauchemars. Une contraception est indispensable sous MMF (pour l'homme et la femme) et le traitement doit être interrompu au moins une semaine avant la conception.
L'IFNα est un immunomodulateur utilisé initialement dans le traitement de l'hépatite C ou de certaines maladies du sang. Ce traitement a pour avantage de ne pas diminuer les défenses immunitaires ; il n’y a donc pas de surcroit de risque infectieux avec ce médicament. En revanche, ses effets indésirables sont un syndrome pseudo-grippal à traiter par Paracétamol en préventif (fièvre, frissons, perte d'appétit, maux de tête, courbatures) et qui disparait avec la poursuite du traitement, une fatigue, une chute de cheveux, une diminution des globules blancs et plaquettes, une diarrhée chez plus de 10% des patients (fréquent), des troubles digestifs (douleurs abdominales, nausées, vomissements) chez 1 à 10% des patients (rare), une dépression, des troubles du comportement ou de l’humeur, un dérèglement de la thyroïde chez moins de 1% des patients (très rare).
Ceux de la ciclosporine A et du tacrolimus à un moindre degré sont l’hirsutisme, l’hypertension artérielle et l’insuffisance rénale.
Après une à plusieurs dizaines d’années d’immunosuppression souvent combinée avec les corticoïdes et plusieurs immunomodulateurs, tous les immunosuppresseurs conventionnels, sauf peut-être l’IFNa, présentent un risque faible de cancers, essentiellement de la peau (carcinomes basocellulaires, d’où l’importance de la protection anti-UV) mais aussi des cellules du sang (lymphomes). Il est donc nécessaire de maintenir un suivi régulier avec son médecin prescripteur.
Les effets indésirables plus rares de chaque médicament sont répertoriés sur des « fiches médicaments » accessibles gratuitement à partir des sites web des différentes associations de patients (cf. question 87).
Les immunomodulateurs autres que le méthotrexate sont utilisés lorsque le méthotrexate est insuffisant ou mal toléré ou bien que l’uvéite est d’emblée grave.