Dernière mise à jour : 11-11-2024
La définition d’un auto-anticorps
Une réaction immunitaire « autoimmune » (comme dans le lupus) peut se traduire par la production d’anticorps anormaux, appelés auto-anticorps. Ces auto-anticorps sont dirigés contre des constituants de nos propres cellules, le plus souvent localisés dans le noyau de ces cellules, d’où le terme antinucléaire (nucléaire = venant du noyau).
La terminologie des auto-anticorps
Ces anticorps antinucléaires sont dirigés contre des composés du noyau de nos cellules, comme l’ADN (Acide DésoxyriboNucléique) des chromosomes (anticorps anti-ADN natif), et contre d’autres structures qu’on appelle les ribonucléoprotéines.
Les auto-anticorps les plus fréquents sont les anti-Ro/SS-A, anti-La/SS-B, anti-Sm ou anti-RNP. Cette terminologie un peu compliquée désigne soit les lettres du nom du patient chez qui l’auto-anticorps a été décrit pour la première fois (exemple : Ro, La, Sm), soit la structure reconnue par cet auto-anticorps (exemple : RNP pour RiboNucléoProtéine), soit une maladie associée à cet anticorps (exemple : SS-A pour Sjögren Syndrome A).
Comment se détectent ces auto-anticorps ?
Ces auto-anticorps se détectent dans le sang des patients par des tests de laboratoire effectués en routine. Leur détection se fait en deux temps :
Première étape : Dépistage, qui affirme la présence et la concentration de ces auto-anticorps. Cette concentration s’exprime par une mesure de titrage du sérum (1/80e, 1/160e, 1/320e, 1/1280e…). Ce chiffre signifie par exemple qu’il existe encore des anticorps visibles dans un sérum que l’on a dilué 320 fois : ce sérum est alors dit positif au 1/320e. Le seuil de positivité varie selon les laboratoires, mais généralement chez l’adulte, il est considéré comme positif à partir d’une dilution de 1/160e.
Deuxième étape : Identification de l’antigène cellulaire qui est la cible de l’auto-anticorps. Cette étape utilise des tests spécifiques, qui vont permettre de détecter les anticorps anti-ADN natif, anti-Sm, anti-RNP, anti-Ro/SS-A, etc. Ces tests sont réalisés dans de nombreux laboratoires avec des résultats de qualité, car ces laboratoires doivent répondre à des contrôles de qualité. Néanmoins, selon les tests commerciaux utilisés, il peut y avoir des différences d’un laboratoire à l’autre. En cas de difficulté et d’hésitation, il est possible de faire analyser le sérum dans un laboratoire de référence dans les CHU, en particulier dans les centres de référence des maladies auto-immunes.
L’utilité diagnostique et pronostique des auto-anticorps
Ces auto-anticorps servent donc de marqueurs diagnostiques. En pratique, l’absence d’anticorps anti-nucléaires écarte l’éventualité d’un lupus systémique. En revanche, ils ne sont pas toujours spécifiques du lupus, car ils peuvent être présents dans de nombreuses autres maladies immunitaires, mais aussi dans certaines infections chroniques et même chez des gens en bonne santé. Ainsi, des taux faibles d’anticorps antinucléaires n’ont souvent pas de valeur diagnostique.
En revanche, s’il existe des taux élevés d’auto-anticorps avec une forte spécificité, comme les anti-ADN natifs, les anti-Ro/SS-A, anti-RNP, anti-Sm ou d’autres spécificités plus rares (anti-PCNA), le diagnostic de lupus est fortement évoqué.
Attention, car des auto-anticorps comme les anti-Ro/SS-A et anti-SSBLa sont aussi décrits dans une autre maladie auto-immune appelée syndrome de Gougerot-Sjögren (qui peut s’associer au lupus).
Ces anticorps peuvent aussi avoir une valeur pronostique, car certains d’entre eux agissent directement en induisant des lésions (exemple : les anticorps anti-ADN natif induisent les atteintes rénales).
A RETENIR
Les auto-anticorps sont des anticorps dirigés contre des constituants de nos propres cellules. Ils sont détectés dans le lupus et dans différentes autres maladies auto-immunes systémiques. Ces auto-anticorps reconnaissent préférentiellement des constituants des noyaux des cellules, d’où le terme anticorps antinucléaires (nucléaire = noyau).
Dans le lupus, ces anticorps antinucléaires sont le plus souvent des anti-ADN natif, des anti-Ro/SS-A, anti-La/SS-B, anti-RNP et anti-Sm. La recherche d’anticorps antinucléaires est très importante pour s’orienter vers le diagnostic de lupus.
Certains auto-anticorps, identifiés dans le sang à taux élevé, sont caractéristiques du lupus (en particulier les anti-ADN natifs et les anti-Sm), mais certains comme les anti-Ro/SS-A, anti-La/SS-B et anti-RNP sont aussi détectables dans d’autres maladies auto-immunes (ex : syndrome de Gougerot-Sjögren).
Attention, des taux parfois élevés d’auto-anticorps antinucléaires non spécifiques peuvent être décrits dans des infections chroniques, des réactions auto-immunes induites par des médicaments et même parfois chez le sujet sain.
Comment recherche-t-on les anticorps anti-ADN natif ?
Les anticorps anti-ADN (Acide DésoxyriboNucléique) sont un sous-groupe d’anticorps antinucléaires détectés par des tests spécifiques. Ces tests sont essentiellement immuno-enzymatiques, appelés ELISA (Enzyme Linked Immuno Sorbent Assay). L’objectif de ces tests est d’identifier et de quantifier une réaction auto-immune développée contre l’ADN des chromosomes.
Cet ADN chromosomique est appelé natif, car il s’agit d’un ADN « pur », composé par la fameuse double hélice. Les vrais marqueurs du lupus sont donc bien les anticorps anti-ADN natif, mais pas les anticorps anti-ADN dénaturé (qui ne sont formés que d’une seule hélice). Ces anticorps anti-ADN dénaturé peuvent être détectés dans de nombreuses circonstances, pathologiques ou non pathologiques. Leur recherche n’est pas utile pour diagnostiquer ou traiter le lupus.
Les anticorps anti-ADN natif sont des auto-anticorps très caractéristiques du lupus, mais ils ne sont pas présents chez tous les patients. Si ces anticorps anti-ADN natif sont détectés, ils sont d’excellents marqueurs diagnostiques, présents dès le début de la maladie, souvent associés à des auto-anticorps antinucléosomes (structures du noyau formées d’ADN et d’autres structures).
Des anti-ADN natifs ne sont détectés que chez 60 à 70 % des patients, notamment quand la maladie est active. En d’autres termes, vous pouvez souffrir d’un authentique lupus sans anticorps anti-ADN natif. Dans ce cas, vous avez certainement des anticorps antinucléaires dirigés contre d’autres structures du noyau (exemple : anti-Ro/SS-A et/ou anti-La/SS-B, anti-RNP, anti-Sm), mais il est aussi possible que des anti-ADN natif apparaissent ultérieurement, au cours de l’évolution de la maladie.
Les anticorps anti-ADN natif pourraient provoquer directement des lésions de lupus, comme l’atteinte rénale en se fixant dans la membrane de petits filtres appelés glomérules, ce qui provoque une néphropathie glomérulaire.
Plus votre maladie est active, plus vous aurez des taux élevés d’anticorps anti-ADN natif dans le sang. Si vous avez donc un lupus avec anti-ADN natif, votre médecin utilisera ce test pour suivre l’évolution de votre maladie.
A RETENIR :
Les anticorps anti-ADN natif sont des auto-anticorps détectés dans 60 à 70 % des lupus systémiques, ce qui signifie qu’ils ne sont pas toujours présents même si la maladie est active.
Ces auto-anticorps, très utiles pour le diagnostic, sont détectés par des tests de laboratoire de routine. Ils font partie des examens utiles pour le suivi d’un lupus, car leur taux varie avec l’évolution de la maladie.
Quand le lupus est en rémission, leur taux baisse, voire ces anticorps anti-ADN natif peuvent disparaître, mais ils peuvent réapparaître à l’occasion d’une nouvelle poussée.