Lupus (edition 2024) en 100 questions

Les 100 questions

3. 3. Mieux comprendre comment prendre en charge un Lupus - Quels sont les traitements de fond du Lupus ? 

55. Quels sont les principaux effets indésirables à craindre en cas de prise prolongée d'immunosuppresseurs ?

Dernière mise à jour : 11-11-2024

Les immunosuppresseurs ont des effets indésirables multiples, qui diffèrent selon l’immunosuppresseur. Il faut toujours se reporter à la fiche d’information disposée dans la boîte du médicament, et demander avis à son médecin traitant au moindre doute.

Le risque d’infection

L’effet indésirable le plus à craindre lors de la prescription d’un immunosuppresseur est l’augmentation du risque infectieux. Ce risque est directement lié au mécanisme d’action des immunosuppresseurs, qui diminuent le nombre et l’activité des globules blancs. Ces globules blancs sont la principale cible thérapeutique des immunosuppresseurs dans le traitement du lupus, car ils sont trop activés au cours du processus auto-immun qui sous-tend cette maladie. Le problème est que les immunosuppresseurs diminuent le nombre des globules blancs, sans faire la différence entre les « bons » globules blancs, qui protègent contre les infections, et les « mauvais », responsables du lupus. Plus l’immunosuppresseur est puissant, plus ce risque est important.

Les immunosuppresseurs agissent en complément des corticoïdes et permettent d’en diminuer les doses. Les corticoïdes, en effet, sont eux-mêmes pourvoyeurs d’infections, et en diminuer les doses réduit donc ce risque.

Le risque de baisse du taux de cellules sanguines

Les immunosuppresseurs inhibent la prolifération des cellules qui se multiplient rapidement, comme les globules blancs ou rouges et les plaquettes. Ils peuvent, de ce fait, bloquer la croissance d’autres composants du sang et favoriser l’apparition d’une anémie (diminution des globules rouges), d’une thrombopénie (diminution des plaquettes) ou d’une leucopénie (diminution des globules blancs). Ce risque justifie la surveillance régulière de l’hémogramme (dosage du nombre des globules blancs, rouges et des plaquettes dans le sang).

Le risque de stérilité

Il est à prendre en considération pour le cyclophosphamide (voir annexe 4). Ce risque est d’autant plus important que la quantité totale de cyclophosphamide reçue est élevée et que la patiente est âgée lors du début du traitement. Une utilisation raisonnée en fonction de l’âge de la patiente et peut-être de certains médicaments permet de diminuer ce risque.

Le méthotrexate (voir annexe 4) peut entraîner une atteinte hépatique qui justifie une surveillance des enzymes du foie (transaminases) au début du traitement. Cet effet indésirable régresse le plus souvent avec la diminution, voire l’arrêt, du méthotrexate.

Le risque tératogène (malformations fœtales)

Ce risque existe pour la plupart des immunosuppresseurs, à l’exception de l’azathioprine (voir annexe 4). Ces traitements seront donc interrompus pendant la grossesse par votre médecin.

Le risque de cancers

Le risque de cancers est faible à long terme, mais il doit être prévenu. Plusieurs mécanismes sont en cause :

  • Diminution des défenses de l’organisme contre les cellules cancéreuses ou certains virus qui facilitent le processus de cancérisation (papillomavirus pour le col de l’utérus, virus Epstein-Barr pour les lymphomes).
  • Toxicité directe de l’immunosuppresseur ou de certains de ses catabolites (par exemple, les cancers vésicaux favorisés par le cyclophosphamide). Cette toxicité est extrêmement rare et peut être prévenue par l’utilisation d’uromitexan. Elle peut être favorisée par l’exposition à d’autres facteurs de risque, comme l’exposition prolongée au soleil chez les patients traités par azathioprine.

Les immunosuppresseurs utilisés dans le lupus systémique n’exposent pas à un sur-risque de lymphome. Cela n’a jamais été démontré. Le lupus en lui-même, sans traitement, s’accompagne d’un léger surrisque de lymphome, comme beaucoup d’autres maladies auto-immunes. En fait, les immunosuppresseurs pourraient même diminuer le risque de lymphome en « calmant » les lymphocytes.

A RETENIR

  • L’effet indésirable le plus préoccupant, en cas de prise d’immunosuppresseur, est l’augmentation du risque infectieux, qui est directement lié au mécanisme d’action de ces molécules (diminution des globules blancs).
  • Les immunosuppresseurs bloquent aussi la croissance de certains composants du sang, favorisant ainsi l’apparition d’une anémie (diminution des globules rouges), d’une thrombopénie (diminution des plaquettes) et d’une leucopénie (diminution des globules blancs).
  • Ce risque justifie la surveillance régulière de l’hémogramme (compte des globules blancs, rouges et des plaquettes dans le sang).
  • Enfin, à long terme, certains immunosuppresseurs pourraient exposer à un sur-risque de cancers, mais pas de lymphome.
Précédent Haut de page Suivant